Encore une fois, le réveil avait été dur. Oh oui... Si dur que lorsque je me suis levé, je me suis emmêlé les pinceaux pour m'étaler par terre sans aucune douceur. Et lorsque l'on dort nu, je peux vous assurer qu'on souffre longuement de la chute. J'étais tout courbaturé après ! Même après ma douche j'avais mal au dos. Heureusement, une fois que j'ai pris mon petit déjeuner , à savoir un bon bol de capuccino, des tartines grillées et un fruit, j'ai fais des étirements et mon mal est passé tout seul !

Maintenant, je fais l'ouverture du magasin. Et comme on me livre les sacs d'engrais, je vais accueillir les livreurs et je les aides à placer les sacs dans l'arrière boutique. Et avec le sourire s'il vous plais ! Lorsque nous avons fini notre tâche, les livreurs m'ébouriffe gentiment les cheveux en me remerciant avant de quitter les lieux. Pour ma part, je balaie l'entrée du magasin tranquillement avant de retourner à l'intérieur pour arroser les plantes et leur remettre de l'engrais. J'aime chanter des chansons, je chantais beaucoup quand je me sentais seul.

Une fois que je me suis occupé de la moitié des plantes, je me redresse en soupirant avant de tapoter mon tablier déjà salis.


" Aishh... Je vais devoir le laver à la main... Ah lala..."


Néanmoins, je m'agenouille au sol pour m'occuper des plantes à même le sol. Je fredonne un nouvel air, faisant attention à la sonnette qui m'avertit de l'entrée d'un client potentiel.

Il était temps de redescendre sur la terre ferme. J'avais passé la nuit sur les toits de la ville à regarder les étoiles sans m'en rendre compte. A vrai dire, je ne voyais jamais le temps passer lorsque je suis en hauteur. Et j'aimais ça. Juste le plaisir d'écouter le silence et de regarder des choses immuables comme les étoiles ou le lever du soleil. D'ailleurs, c'est à ce moment là que je me suis dit qu'il fallait peut-être redescendre. J'avais du travail aujourd'hui, des tas de bateaux à dessiner pour des gens un peu trop matérialistes à mon goût. Mais comme je le dit souvent: tant que ça paye, on prend...

Je n'avais pas vraiment envie d'aller travailler pour être honnête. Je pensais juste qu'il fallait que je dorme même si je n'étais pas plus fatigué que ça. Mais pour dormir, il fallait que je cesse de suivre mes pieds et que je me décide enfin de prendre le chemin qui menait jusqu'à chez moi. Mais c'était sans compter les choses qui passaient devant mes yeux. Et c'est là que je le vis pour la première fois...

Je m'étais arrêté devant la boutique de fleurs tout naturellement. J'aimais beaucoup les jolies choses et j'aimais encore plus les jolies choses qui ne faisaient pas de bruit.
M'approchant d'un vase, j'allongeais la main afin de toucher du bout des doigts les pétales d'une fleur blanche. C'était vraiment très doux au toucher, très agréable je dirais même. C'était quelque chose qui me plaisait vraiment. Alors, afin de contenter mon regard, j'entrepris de jeter un oeil à l'intérieur de la boutique, à la recherche de quelque chose d'autre de plaisant à regarder.
Il était là, accroupi devant d'autres fleurs. Et mon coeur rata un, voire même plusieurs battements. Il était joli.

Je voulais entrer discrètement dans la boutique mais il avait fallu qu'une clochette retentisse, avertissant le joli personnage de ma présence. Encore un méfait du bruit...
Je ne savais pas du tout où me mettre, j'avais été repéré et je n'avais plus aucune solution de repli assez favorable pour me permettre de fuir sans me taper la honte de ma vie. Une seule chose à faire dans ces cas là...

« Bonsoir...euh...bonjour...»

Je m'occupais toujours des fleurs, tassant par-ci par là l'engrais... Ou alors j'en prenais un petit peu pour en remettre dans les pots. Je taille aussi certaines plantes qui ont besoins d'avoir deux ou trois feuilles de coupées pour pouvoir mieux pousser après. Bref. Comme d'habitude, je m'enferme dans mon propre univers qui est rempli de plantes, et de silence. Mon silence à moi que je régis par des mélodies que j'entends parfois.


« Bonsoir...euh...bonjour...»


Or, mon univers disparaît au son de la clochette. Je me relève donc sur mes deux jambes, avant de tapoter mon jean bleu ciel un peu usé et sali à quelques endroits par l'engrais. Je tapote également sur mon tablier en m'approchant du jeune homme qui vient de rentrer.


« Bonjour ! Je peux vous aider ? »


Je lui sourie doucement en penchant un peu la tête, attendant une réponse. D'ordinaire, je laisse le client regarder un peu avant de lui parler mais... Je ne sais pas, il avait l'air perdu, alors je propose mon aide ! Il faut être vraiment perdu pour confondre le jour et la nuit non ? Et puis je ne sais pas, il a pas l'air très à l'aise... C'est peut être moi qui le met dans cet état ?
Pour éviter de le faire fuir, je prends mon arrosoir pour le remplir avec un robinet à proximité avant d'arroser délicatement les fleurs que je chouchoutais à même le sol. Tout en arrosant, je m'adresse à mon client potentiel, le regardant par intermittence.


« Prenez votre temps pour choisir... Sinon, je suis là pour vous conseiller ! »


Je lui fait un grand sourire avant de regarder de nouveau ce que je fais. Aish, j'en ais un peu mis à côté...Je me baisse donc et éponge rapidement l'eau sur le sol avec un chiffon. Ce client n'est pas comme les autres... Enfin, ils sont tous différents mais... Celui-là tout particulièrement. Et puis j'aime beaucoup son visage... Il est beau... Euh... EUH. Je pense à quoi là ?! Reprends toi Rozen, c'est un client ! Je pique un fard tout seul en me relevant, perturbé par le propre fil de mes pensées. Je sais que je suis attiré par les hommes, là n'est pas le problème... C'est juste qu'il s'agit d'un client, alors je dois me ressaisir, un peu de tenue !

Première question: Pourquoi j'étais entré dans cette boutique ? Réponse: Parce que j'ai vu quelqu'un de joli. Deuxième question: pour ne m'étais-je pas enfui en entendant la sonnette ? Réponse: parce que j'étais un idiot.
J'étais maintenant planté là sans savoir quoi faire ou quoi dire. J'avais l'air bien malin maintenant. Pris d'un instant de panique totale lorsqu'il s'avança vers moi, je baissais machinalement la tête et commençai à tripoter le bas de mon t-shirt.

« Bonjour ! Je peux vous aider ? »

Je piquais un fard et tenta de bredouiller une réponse mais aucun son ne sorti de ma bouche. Voilà... j'avais atteint le fond. Pourtant, je poussais un soupir de soulagement quand je m'aperçus que la jolie fleur s'occupait à autre chose qu'à me regarder rougir comme un coquelicot. J'en profitait pour le regarder avec plus d'attention. Il est plus petit que moi et son corps était tout mignon. J'aimais bien la courbe de sa bouche et de ses yeux aussi. Il avait de jolies petites mains aussi...oh, et son petit nez aussi...
Je savais que je risquais de me faire prendre à l'examiner ainsi, alors je prenais garde à détourner les yeux à chaque fois que nos regard se croisaient, l'air de rien. Mais je savais qu'il m'avait vu.

« Prenez votre temps pour choisir... Sinon, je suis là pour vous conseiller ! »

Pour choisir ? Choisir quoi ? ... ah oui... des fleurs. Mais je n'étais pas là pour ça. Mais si je faisais mine de vouloir en acheter, peut-être que je pourrais lui parler par la suite, non ? Enfin... si des sons pouvaient sortir de ma bouche...
En plus, j'y connaissait rien aux fleurs moi. Je les regardaient, c'est tout. Parfois je les dessinaient, mais sans plus ! Ah si ! J'en connaissait au moins une !
Je tournais la tête dans tous les sens à la recherche d'un présentoir où je trouverais certainement ce que je cherchais... manque de bol, ce fichu présentoir se trouvait derrière le jeune et joli fleuriste.


« Je...une...est-ce que... je pourrais avoir... une rose... ? »

Décidément, ce client est vraiment étrange... Pendant que je continuais à m'occuper des fleurs, j'ai pu remarquer qu'il me dévisageait. Je ne sais pas, c'était comme s'il détaillait chaque détail de mon visage. C'est la première fois que ça m'arrive je crois... Et c'est franchement gênant ! Ça me rend un peu nerveux je dois dire... Pourquoi me regarde t-il de cette manière ? Est-ce que j'aurais quelque chose sur le visage ? Aish ! Me dites pas que j'ai mangé comme un cochon et qu'il me reste des traces de capuccino... ça serait la grosse honte. Alors que mon client doit toujours être en train de réfléchir -en me dévisageant- je jette un petit regard qui se veut discret à ma vitrine pour voir ce qui cloche sur mon visage. Oui, je n'allais pas lui demander à lui : «  Excusez moi ? Vous pourriez me dire pourquoi vous me regardez ainsi ? Est-ce parce qu'il me reste des miettes aux coins des lèvres ? » … Ha ha, non je ne pourrais jamais parler comme ça à un client. Ça serait mal poli non ?

Après ma vérification, je suis obligé d'admettre que je ne saisis pas pourquoi ce jeune homme me fixe. Ce n'est pas vraiment désagréable après tout, juste un peu gênant. Surtout que je ne sais pas pourquoi ses yeux passe des fleurs à mon corps sans arrêt.

Je met ma gêne de côté et tente de faire baisser la couleur vive de mes joues.


« Je...une...est-ce que... je pourrais avoir... une rose... ? »


Oh ! Enfin il parle ! Oui, je viens de réaliser maintenant qu'il n'a pas vraiment parlé depuis qu'il est rentré. Peut être qu'il est intimidé... Mais... Pourquoi... … … … MAIS OUI ! Je pense comprendre pourquoi ! C'est tout content que je me tourne vers le jeune homme.


«  Oh bien sûr ! J'en ais de plusieurs couleurs par ici !... »


Je vais jusqu'à mon présentoir pour dégager mes vases remplis de roses de différentes couleurs. Je prend appuis en attendant qu'il me rejoigne, un grand sourire toujours collé au visage.


«  C'est drôle que vous veniez prendre une rose, mon prénom est Rozen... Oh, si vous voulez prendre une rose pour votre petite amie, je peux vous conseiller une couleur... Enfin, si vous le voulez... »

C'était drôle tout de même. Le simple fait d'avoir demandé une rose m'avait fait rougir d'une manière incroyable. J'étais certain que je pouvais rivaliser avec la couleur de la fichue rose que je venais de demander.

« Oh bien sûr ! J'en ais de plusieurs couleurs par ici !... »

Ah... autant d'enthousiasme pour une rose ? Comment ne pas sourire, même timidement? C'était très mignon à voir. Oui, il était très mignon. Je m'approchais lentement du présentoir, pas pour regarder les fleurs...
Autant être honnête, il m'attirait vraiment alors il fallait que je le regarde de plus près. Cette fois, je ne le quittait pas des yeux.

« C'est drôle que vous veniez prendre une rose, mon prénom est Rozen... Oh, si vous voulez prendre une rose pour votre petite amie, je peux vous conseiller une couleur... Enfin, si vous le voulez... »

Je comprenais pourquoi il était enthousiaste maintenant. Rozen. Il s'appelait donc Rozen. Un joli nom qui allait sans doute me hanter pendant pendant un long moment. Le nom de la jolie personne qui venait tout juste de me voler mon coeur en quelques instants.
La logique aurait voulu que je porte attention aux roses devant moi afin de choisir une couleur, mais disons que je me refusais catégoriquement le droit de regarder ailleurs.

« Je... je... n'en ai pas...»

Baissant tout à coup les yeux, je recommençais à tripoter le bas de mon dit mon t-shirt. Pourquoi diable mes mots ne voulaient-ils pas sortir clairement? C'était vraiment rageant à la fin !
Mais en même temps... je n'avais pas grand chose à lui dire. Je voulais juste le regarder... Peut-être que j'aurais dû lui donner mon nom? Comme ça, on aurait pu se revoir ?
C'était bien beau de rêver. Je n'arrivais même pas à aligner trois mots convenablement et j'espérais le revoir une autre fois. J'étais pitoyable... vraiment.
D'une voix à peine audible, je décidais de répondre à sa première demande. Mon visage était devenu brulant. J'avais chaud...

« Je veux la plus belle rose de la boutique.»

Je me sens rougir maintenant... C'est à ce moment là que je remarque que ses joues à lui aussi sont légèrement teintées.

Atrocement gêné, je détourne le regard en triturant un peu une mèche de cheveux avant de la rabattre derrière mon oreille nerveusement. Il recommence à me fixer... Pourtant, malgré ma gêne, je relève mon regard pour le plonger timidement dans le sien. C'est un peu comme si... J'étais attiré par son regard. Même s'il est intimidant, on peut ressentir beaucoup de douceur... Enfin je ne suis pas sûr, on peut lire tellement de choses dans son regard, je ne peux pas tout saisir. Mon cœur continue de battre la chamade. Je suis sûr qu'il lui ait possible de l'entendre !

Ça serait trop suspect si je serrais mon haut à l'emplacement de mon cœur non ?... Oui, c'est bien ce que je me disais.

Alors je reste ainsi, à attendre qu'il parle ou me réponde...


« Je... je... n'en ai pas...»


Donc... ça veut dire qu'il veut acheter une rose pour lui ? Je ne comprends pas très bien. Juste qu'apparemment, c'est un sujet délicat. De toutes façons, je suis trop curieux, je devrais juste satisfaire sa demande ! Il veut une rose, je vais lui en donner une !
Il à l'air perdu dans ses pensées, ce qui me permet un peu de reprendre contenance. Je perds de mes rougeurs, et je le regarde attentivement, mes mains posées à plat sur le comptoir, penché vers lui. On est plutôt proche pour le coup, mais je n'y pense pas, plongé dans la contemplation de son visage. Il est vraiment beau... Puis il baisse son visage, ce qui me gâche mon moment d'admiration. J'ai presque envie de lui demander de relever la tête...


« Je veux la plus belle rose de la boutique.»


Je prends donc une rose rouge, la plus belle de toute, pour l'emballer correctement . Je fais même un joli nœud avant de la poser sur le comptoir. Quelque chose traverse alors mon esprit et je m'inquiète subitement. Et s'il était rouge et hésitant à cause de la fièvre ? Ça serait dramatique s'il était malade ! Sans réfléchir, je fais rapidement le tour du comptoir pour poser ma main fraîche sur son front, assez proche de lui.


«  Vous êtes malade ? »

Mon coeur battait trop vite à mon goût. Mon visage était littéralement incandescent. Et le fait que le joli fleuriste s'approche de moi et pose sa main sur mon front n'allait certainement pas arranger les choses.
Je plongeais mes yeux dans les siens quitte à m'y perdre. De toute façon, dès que j'étais entré dans cette boutique, j'avais perdu pieds. Il était vraiment très beau et tout petit et mignon et... raaaaah ! C'était pas possible !
Je fermais les yeux aussi fort que je le pouvais. Si je répondais "oui" à sa question, ce serait grave ? Il avait l'air de s'inquiéter un peu tout de même. Peut-être qu'il prendrait soin de moi si je répondais à l'affirmative?
D'un geste mécanique, je remontais la main vers mon coeur. C'était vraiment douloureux tout d'un coup. Même les yeux fermés, j'arrivais encore à le voir.

«Rozen...»

Sans m'en rendre compte, je venais de murmurer son nom. Je savais que ce nom allait me hanter. Mais c'était tellement bon de l'entendre.
J'ouvris lentement les yeux et recommençai à le fixer. Cette fois, j'avais tout loisir de le contempler et je ne comptais pas arrêter.

«Non, je ne suis pas malade.»

Mon dieu qu'il était beau. Il ne faisait pas beaucoup de bruit pour un humain.
Je sentais sa main se réchauffer au contact de mon front, m'indiquant ainsi que la chaleur de mon corps n'avait pas baissé.
J'avais envie de faire quelque chose de totalement fou la tout de suite. Mais je savais que je risquais de le payer fort. Je devais bien me comporter. Je n'étais pas un pirate moi !
Je pris la main qu'il qu'il avait posé sur mon front et la serrai tendrement dans la mienne. Oui. Je venais de reprendre confiance en moi. Du moins, mentalement. Mon visage faisait toujours ce qu'il voulait et j'avais d'ores et déjà décidé que ça ne servirait plus à rien de le cacher.

« Je... Je ...Je crois que... je suis... amoureux...»

Je ne l'ai pas lâché du regard. Il a d'abord fermé les yeux, comme pour chasser quelque chose de son esprit, avant de les rouvrir et de me fixer -encore et toujours.

«Rozen...»


Mes yeux n'ont pas réellement fait attention à sa main sur son cœur. C'est comme si son regard m'avait hypnotisé. J'ai violemment frissonné lorsque sa voix à prononcé mon nom. Mon cœur a raté un battement et mes yeux se sont un peu écarquillés. Ce... C'était quoi ça ?... C'était bien la première fois que mon cœur s'amusait à faire les montagnes russes ainsi...
Pour n'importe qui sa voix aurait pu être anodine à ce moment là mais... Quelque chose me traversa à ce moment là. Pas très courageux, je préfère encore ne plus y penser, pour me concentrer ou au moins essayer.


«Non, je ne suis pas malade.»


Ma main est maintenant toute chaude. Il n'est vraiment pas malade ? Je suis toujours un peu inquiet mais... Comment dire, mon estomac se noue et mon souffle se coupe. Je n'arrive plus à réfléchir et à être inquiet pour cet... Inconnu. Bizarrement, il n'a plus l'air si mal à l'aise, mais déterminé. Moi je dois juste avoir l'air surpris... Et hypnotisé. Rouge comme un coquelicot qui plus est~
Sa main douce se referme sur la mienne aisément, comme si la mienne était minuscule. Et son touché me fait presque trembler. Je viens à peine de le rencontrer, et pourtant, rien qu'à son toucher et à son regard, je me sens... Comme sur un doux nuage. Mon cœur déborde de chaleur...


« Je... Je ...Je crois que... je suis... amoureux...»


Cette phrase. Je ne suis pas vraiment quelqu'un de très futé, c'est vrai... Alors j'aurais pu d'ordinaire prendre cette phrase pour une déclaration indirecte pour quelqu'un d'autre. Or... Avec l'atmosphère agréable mais pesante, et le regard qu'il me lance... Je ne peux pas le prendre autrement que pour moi. Mon cœur s'est vraiment arrêté de battre. Et il reprend son rythme habituel sans que je ne m'en rende compte.
Mon cerveau est comme en panne. Qu'est-ce que je dois répondre ? Dois-je répondre déjà ? Sinon comment réagir ? Évidemment, je n'allais sûrement pas le repousser. Imaginer ce scénario me brisait le cœur... Mais... Je suis vraiment perdu.

J'ai déjà eu deux petits amis, mais je ne ressentais pas autant de choses...


« … De... De m-moi ? »

« … De... De m-moi ? »

En entendant se réponse, je ne pus m'empêcher de rire doucement. De qui voulait-il que je tombe amoureux sinon de lui ? Il n'y avait personne d'autre dans la boutique à part nous deux. Sans oublier le fait que je lui tenait la main.
Bien évidemment, je comprenais parfaitement le fait qu'il soit surpris. Je l'étais aussi après tout. Ce matin encore j'allais très bien. J'étais heureux sans être amoureux. Mais il avait fallu d'un seul regard pour que toute ma journée et sans doute ma vie change.

« Oui... »

Je ne voyais pas quoi lui dire de plus. En fait... si... j'aurais pu lui dire tout ce que j'éprouvais là tout de suite. J'aurais pu lui dire que mon coeur lui appartenait désormais. que ça ne me ressemblait pas d'être comme ça. Que j'étais totalement paumé. Que d'habitude, ce genre de situation, ça n'arrivait que dans les films et que ma vie n'avait rien de ressemblant...
Toutes les choses que j'aurais pu dire pour me justifier arrivaient en rafale dans ma tête m'empêchant de réfléchir correctement.
Ce n'était vraiment pas drôle. J'avais envie de lui parler. Vraiment. Je connaissais son nom. Mais ce n'était pas suffisant. Je voulais tout savoir de lui. Là. Maintenant. Tout de suite.
Oui, je voulais vraiment tout connaître de l'homme qui venait de capturer mon coeur alors que je ne m'étais même pas présenté. Il ne savait pas qui j'étais. J'étais juste un homme qui était entré dans sa boutique et qui venait de lui avouer son amour, un client. Un simple client.

« ...Pardon... tu ne me connais même pas... je suis désolé mais c'est vrai...je suis amoureux... de toi...»

C'est fou ce que l'amour peut vous rendre cul-cul-la-praline tout de même. Mais en à ce moment là... je m'en fichais complètement. Je le voulais et pas une seule seconde j'ai pensé que son coeur appartenait peut-être à quelqu'un d'autre. J'étais vraiment prêt à me battre sur ce coup bien que ce n'était pas dans mes habitudes.

« Oui... »


Ce mot résonne dans ma tête. Je ne bouge plus, je me fige comme une statue. Son rire est vraiment doux, et son sourire magnifique. Ce qu'il vient de m'avouer et comme une bombe lâchée sur une maison. Un désastre total. Mon cœur est en train de faire une course imaginaire et j'ai beaucoup de mal à respirer normalement. Si je ne faisais pas attention, je pourrais m'évanouir sous le choc. Je crois bien que c'est la première fois que l'on me fait une déclaration d'amour de cette manière. Je ne suis pas très populaire parce que je traîne souvent tout seul. Je pourrais me faire des amis, j'aimerais beaucoup, mais je n'ai pas envie d'être violent envers eux. Ou de leur faire peur avec Nil. Car bien qu'il me protège, il est assez dangereux. Quand il prends le contrôle de mon corps, je suis capable de tuer. Je n'ai plus aucun scrupule, et ceux qui s'amusent à faire du mal se font littéralement massacrer. Heureusement, il ne s'en prend pas aux innocents mais... Je préfère quand même éviter que Nil sorte. Malgré le fait que beaucoup de personnes soient très peu morales, je déteste la violence et la vue du sang.


« ...Pardon... tu ne me connais même pas... je suis désolé mais c'est vrai...je suis amoureux... de toi...»


Oh... Il s'excuse ? Mais pourquoi ? J'ai l'air effrayé peut être ? Il faut vite que je change d'expression du visage !! Je suis presque en train de mourir tant je suis heureux. Évidemment, je ne le connais pas non plus, mais au plus profond de moi... Je crois pouvoir dire que je l'aime aussi. Mais, est-ce que je dois lui dire aussi ? Je ne suis pas méfiant, vraiment pas, ce qui est un défaut, c'est juste que je ne suis pas sûr d'avoir le droit de l'aimer. Il ne me connaît pas. Je suis un... Monstre. J'ai assassiné des gens de manière très violente et sadique. Oui, je dis « je » malgré le fait qu'il s'agisse de Nil. Car il emprunte mon corps pour ce faire. Bref. Je le regarde timidement en caressant timidement sa main. Je n'ose plus le regarder dans les yeux , baissant le visage.


« J-Je... C'est moi qui m'excuse... Je vous... Euh, te crois... Et... J'aimerais faire ta connaissance... »

Stop stop stop. Pas de panique. C'était rien. Juste une phrase prononcé par un fleuriste. J'allais bien...
Il a juste fallu que mon cerveau assimile clairement les mots qu'il venait de prononcer. Il aimerait faire ma connaissance? ça voulait dire qu'il vous voudrait me connaître ? Que j'ai le droit de l'aimer ? Qu'il n'était pas contre?

« Je peux? Vraiment ? »

Un immense sourire apparu alors sur mes lèvres. Même si je voulais décrire ce que je ressentais à ce moment là, je ne le pourrais pas. C'était vraiment la première fois que ça m'arrivait. Tout ce que je savais c'est que je pensais que j'étais l'homme le plus heureux du monde.
Dans un excès de joie, je lui prit les deux mains et les serraient entre les miennes. Depuis que j'avais compris que j'avais une chance avec lui, j'eus un regain de confiance en moi. J'étais vraiment content. Très très très content. Et puis, j'avais vraiment envie de prendre son visage entre mes mains et l'embrasser... Oui...j'avais vraiment envie de l'embrasser...

Mais un peu de retenue. Je ne pouvais pas faire ça. Non. Ce n'était pas parce qu'il m'avait dit qu'il avait envie de faire ma connaissance que j'avais le droit de l'embrasser. Il fallait peut-être que je lui demande la permission ?

« Je m'appelle Ki Jae...Yoo Ki Jae. Et...hum... je ne sais pas quoi te dire d'autre si ce n'est que j'ai trouvé la plus jolie fleur de toute la boutique... »

... et j'avais vraiment chaud. Il fallait que je prenne l'air. Je savais que la couleur de mon visage avait encore viré au vif intense et les effets se faisaient maintenant sentir. Mais je n'avais pas du tout envie de partir. Je voulais rester là à le regarder tout mon soul.

« ...Je t'aime Rozen... »

« Je peux ? Vraiment ? »


En l'écoutant, je ne peux pas m'empêcher de rire doucement. Oui, c'est à mon tour de rire. Mais ce n'est pas de la réelle moquerie, je le trouve juste mignon...


«  Oui, vraiment... »


Je n'ai même pas eu besoin de lui expliquer que j'étais d'accord avec le fait qu'il m'aimait, ou que je voulais tenter quelque chose avec lui. Il m'a parfaitement compris et c'est très bien comme ça... Parce que j'aurais eu beaucoup de mal à m'exprimer sans m'embrouiller. Lorsqu'il me saisit les mains et qu'il sourit, je ne peux pas empêcher mon visage de s'enflammer. Il est très beau. Déjà qu'à la base, il est beau, lorsqu'il sourit, son visage devient encore plus magnifique.

J'ose à peine resserrer mes mains sur les siennes.


« Je m'appelle Ki Jae...Yoo Ki Jae. Et...hum... je ne sais pas quoi te dire d'autre si ce n'est que j'ai trouvé la plus jolie fleur de toute la boutique... »



Mon cœur rate un battement. Il me prend pour la plus jolie fleur de la boutique ?... Cette phrase est tellement plaisante à entendre. Je ne sais plus où me mettre, ni quoi répondre... Mais je me lance.


«  M-merci... Je... J'aime Kijae, c'est un très beau prénom... »


Je vois alors subitement son visage prendre des couleurs et...


« ...Je t'aime Rozen... »


Il l'a dit. Si mon cœur a raté un battement tout à l'heure, là, j'ai l'impression qu'il s'est arrêté pour repartir de plus belle. Je bégaie un peu avant de me rendre compte qu'il n'a pas l'air bien. Alors doucement, je prends sa rose, et je l'amène dehors. Puis je caresse son front pour surveiller sa température.

«  Kijae, tu es sûr que tu n'es pas malade ?... Si tu ne te sens pas bien, tu peux te reposer chez moi, c'est juste en haut... »


L'air plus frais à l'air de lui faire du bien...

J'avais vraiment très chaud. Ce n'était vraiment pas normal tout compte fait. Mon coeur faisait la course avec un adversaire invisible et tout mon corps réagissait. J'étais vraiment fatigué par l'effort que produisait l'amour que je venais à peine de ressentir. Je ne savais pas c'était si éprouvant. C'était sans doute pour ça que je n'était jamais tombé amoureux de ma vie. A l'heure actuelle, j'espérais que ça n'arriverais qu'une seule fois. Mon coeur et mon corps ne tiendrais pas le choc.

Je le suivis dehors. A vrai dire, j'étais prêt à le suivre où qu'il aille, où qu'il le veuille...
Mais la légère brise n'arrangea pas du tout la situation. J'avais maintenant un nouveau facteur Rozen qui venait d'entrer en compte. Il sentait bon. Trop bon.
En poussant un soupir de désespoir, je recommençais à le fixer. Cet homme était juste sur le point de m'engloutir. J'étais définitivement perdu... Il fallait donc que je fuis... juste pour cette fois.

Sa main sur mon front. La chaleur de ses doigts...la douceur de sa peau... J'avais envie de le toucher moi aussi. Le seul moment où j'avais pu le toucher, c'était quand je le lui avait prit la main dans la boutique quand il avait mis sa main sur mon front pour la première fois.

« Kijae, tu es sûr que tu n'es pas malade ?... Si tu ne te sens pas bien, tu peux te reposer chez moi, c'est juste en haut... »

Je le regardais, soudainement, surpris. Chez lui ? Pensait-il vraiment que ça allait m'aider ? Si c'était le cas, et bien c'est qu'il n'était pas très futé! Je suppose qu'il n'avait pas du tout pensé au fait que je pouvais le violer ou quelque chose du genre ? Faisait-il entrer des inconnus chez lui de cette manière ? Je ne l'espérais pas.

« Non...ça va aller. Je crois que je vais rentrer...chez moi. Je ne vais pas bien du tout quand tu es là. Ma tête...mon coeur... je n'arrive pas à réfléchir...c'est trop pour moi... tout d'un coup... comme ça...»

Son soupir légèrement exaspéré me tire de mes pensées. Je regarde Kijae surpris, et je retire ma main de sur son front. Oh, il me fixe. Maintenant, ce n'est plus pareil. Je sais qu'il me fixe parce qu'il... M'aime... Donc je ne stresse plus. Mais ça reste gênant, alors je rougis un peu en caressant la tige de la rose nerveusement.

Après lui avoir proposé de se reposer chez moi, je peux observer une réaction de surprise. C'est pourtant normal de proposer un toit et de quoi se reposer à une personne en difficulté, non ? Ce ne sera pas la première fois... Loin de là. Et contrairement à ce que les gens pensent, faire entrer un inconnu chez soit n'a rien de terrible. Je les fais s'allonger sur le canapé, et je les surveille un peu jusqu'à ce qu'ils se sentent mieux. Ça m'est déjà arrivé deux ou trois fois.


« Non...ça va aller. Je crois que je vais rentrer...chez moi. Je ne vais pas bien du tout quand tu es là. Ma tête...mon coeur... je n'arrive pas à réfléchir...c'est trop pour moi... tout d'un coup... comme ça...»


Je cligne des yeux plusieurs fois avant de mordiller ma lèvre inférieure. C'est un tic lorsque je suis mal à l'aise. En me rendant compte que je mordais trop fort, j'arrête et passe ma langue sur la zone un peu sensible et maltraitée tout en rougissant un peu.
Alors s'il était dans cet état, c'était à cause de moi... Je me sens désolé pour lui, et triste. Mais je pense comprendre pourquoi il va si mal. S'il est amoureux, comme il le dit, eh bien, il doit avoir besoin de se reposer mentalement. Donc, je ne vais pas le retenir, et je vais juste prier fort pour qu'il rentre sain et sauf chez lui. Oui, j'ai une certaine tendance à l'inquiétude incontrôlable...
Délicatement, je m'approche de lui, et je me met sur la pointe des pieds pour déposer un baiser sur sa joue en guise d'au revoir. Puis je glisse la fleur entre ses mains, un peu gêné.


« Rentres bien... Oh et tu peux appeler le numéro de la boutique qu'il y a sur la carte... Quand tu voudras... Prendre contact... La rose... Prends la, elle est gratuite ! »


Je sourie doucement malgré mes rougeurs et mon pincement au cœur que je ressens, sûrement à cause de son départ.

Cet homme n'avait décidément pas idée de l'effet qu'il me faisai.; Non. Aucune idée. Il pouvait me tuer sans même s'en rendre compte; J'ai bien cru que mon coeur allais sortir de ma poitrine. Comment ? Aucune idée, mais j'étais certain que j'allais me retrouver comme la pieuvre dans Pirates des Caraïbes.
Lorsque ses lèvres entrèrent en contact avec ma peau, j'ai senti comme un courant électrique traverser mon corps. C'était décidément de pire en pire. Je devais vraiment m'enfuir... Mon coeur ne tiendrait jamais à ce rythme là.

« Rentres bien... Oh et tu peux appeler le numéro de la boutique qu'il y a sur la carte... Quand tu voudras... Prendre contact... La rose... Prends la, elle est gratuite ! »

Je regardais un instant la rose qu'il venait de glisser entre mes doigts qui remontais les yeux vers son visage. Maintenant c'était certain. Il est beaucoup plus beau que cette fleur. J'étais sûr que je pouvais redessiner toutes les courbes de son visage les yeux fermés. Je les avait apprise en un instant. Je pourrais aussi reconnaître le son de sa voix entre mille. Je pourrais aussi reconnaître au toucher sa peau.
Avant de partir, j'avais bien envie de l'embrasser. Il avait accepté le fait qu'un inconnu débarque et lui avoue son amour, alors je ne voyais pas pourquoi il refuserais que je l'embrasse.
Je posais ma main délicatement sur sa joue et approchais mon visage du sien. Puis, avec toute la tendresse que l'amour que j’éprouvais pour lui, je déposais mes lèvres contre les siennes...

A ne pas en douter, mon visage devait être de la même couleur que la rose que j'avais entre les mains. Mais maintenant je m'en fichais. Ça n'avait plus d'importance maintenant. Je l'aimais et il le savait. Alors pourquoi se cacher maintenant ?
Je lui fit le plus beau sourire dont j'étais capable avant de commencer à reculer lentement. Il fallait que j'aille me passer la tête sous de l'eau bien froide maintenant. Mais avant de m'enfuir en courant, je lui murmurais que j'appellerais sûrement et que je reviendrais voir la plus fleur du monde.

Son regard glisse sur mon visage avant de se planter de nouveau dans le mien. Je ne fais aucun mouvement, je me contente juste de le regarder. Il a un très beau regard... Mais je n'arrive pas très bien à comprendre ce qui lui traverse l'esprit...Ni pourquoi son regard me fait agréablement frissonner. C'est en pleine interrogation que je m'arrête, pour me rendre compte que la grande main de Kijae est sur ma joue. C'est... Extrêmement agréable, je pourrais fondre tant je me sens bien. Sans pouvoir réellement décrire mon sentiment d'apaisement, j'écarquille un peu les yeux en voyant son visage s'approcher doucement du mien. Il n'y a rien de brutal. Et si j'avais voulu éviter le baiser, j'aurais sûrement pu me libérer de sa prise plusieurs fois... Mais je n'en avais pas envie. Certainement pas. Je l'ai laissé appuyé délicatement sa bouche contre la mienne. Instinctivement, j'ai fermé les yeux pour profiter au maximum de ce contact si délicieux.

Mon cœur joue de nouveau du tambour, comme s'il pouvait finir par sortir à force de taper contre ma cage thoracique. Après un mouvement de lèvres, il se recule -malheureusement- de moi, ce même sourire magnifique collé au visage. S'il n'était pas aussi rouge, je l'aurais retenu ! Je lui aurais proposé n'importe quoi pour qu'il reste encore un peu mais... À voir son visage, il n'est vraiment pas bien. Et d'aucunes manières, je veux qu'il tombe malade. Alors, je me retiens et j'attends qu'il parte, sagement.

Alors qu'il était à quelques pas, je l'entends souffler qu'il m'appellera et qu'il reviendra voir la plus belle fleur du monde.
Je n'ai rien pu rajouté, qu'il est déjà parti en courant, et qu'il est maintenant loin. Il est rapide...
Avant de retourner à l'intérieur de ma boutique, je mords doucement ma lèvre inférieure, murmurant pour moi même, le regard perdu dans la direction qu'il a prise.


« J'attendrais... Kijae... »


Peu après, je franchis le seuil de la porte, et je revins un peu plus à moi avec le son de la clochette.


[ On fait un autre rp quelque part ? =3 Mp moi ! ]