Alors que je m'occupais de nettoyer le comptoir à coup de chiffons, j'entends la clochette de la porte résonner à travers toute la boutique délicatement. Je me tourne un peu pour regarder mon potentiel client tardif, puis je sourie en le voyant observer des fleurs. Il n'a apparemment pas besoin de mon aide. Et si jamais il est en difficulté, il n'aura qu'à venir me voir ! Alors une fois que j'ai fini d'astiquer mon comptoir, j'attrape un balais et un seau remplie d'eau et de produit bio. Alors que j'allais commencer ma tâche dans les endroits comme derrière le comptoir, le jeune homme vint me voir. Je remarquais alors qu'il touchait les fleurs. Pour certaines ce n'est pas grave, comme par exemple les roses. Mais toucher des coquelicots... Elles sont tellement fragiles... Bien sûr, il est extrêmement délicat mais je préfère tout de même éviter certains contacts.


« Excusez-moi. Vous êtes le propriétaire de ce magasin ? Il est tard, je devrais peut être vous laissez fermer, non ? »


Je me contenta de sourire gentiment avant de faire non de la tête.


« Je suis bien le fleuriste ici ! Et ne vous inquiétez pas, vous pouvez prendre tout votre temps pour choisir les fleurs que vous voulez. Je suis loin d'être pressé. Vous désirez peut être un conseil ? »

En parlant, je me suis mis sur le côté pour porter mon seau et c'est là où je remarque que, effectivement, il me suit du regard, mais de manière un peu floue. Comme s'il ne savait pas exactement où j'étais. Si c'était le cas, il m'aurait depuis longtemps regardé dans les yeux. Non ?

Serait il aveugle ? J'en ais déjà eu plusieurs comme client, mais c'est la première fois que j'en croise un sans assistant, sans chien ni canne... De ce que je sais des aveugles, ils aiment bien toucher pour se repérer et se donner un moyen de « voir ». Alors mon sermon sur « on touche avec les yeux » je me le garde. À la place, je prends délicatement sa main pour la poser sur mon visage. Ce doit être ça qu'il cherchait... Non ?
Malgré le contact et le fait que je sache qu'il est aveugle, je ne change pas mon attitude ni mon sourire. Ce jeune homme est aussi normal qu'un autre. Il lui manque juste la vue...

Son sourire me réchauffa le cœur. Cet homme est vraiment beau. Un peu comme une œuvre d'art. Une beauté douce et enivrante, qui met en confiance. Oui, en le voyant, j'ai immédiatement confiance.

« Euh… A vrai dire, je suis venu ici car j’ai été attiré par le parfum de vos fleurs. Je n’en cherche pas en particulier. »


Je rie un peu à sa déclaration. Je suis touché qu'il ait été attiré par l'odeur de mes fleurs. Et la perspective qu'il n'achète peut être pas ne me fait rien. Ce n'est sûrement pas la fin du monde !


«  Ce n'est pas grave , et je vous comprends. J'aime beaucoup l'odeur des fleurs. »


Doucement, l'inconnu commence à toucher mon visage. Je me laisse faire, malgré ma timidité. Après tout, même s'il ne rate pas grand chose à ne pas pouvoir voir mon visage, il a le droit de savoir à qui il parle. Pendant qu'il découvre mon visage, j'en profite pour observer le sien. Son visage est tellement beau qu'on remarque difficilement son handicap.


 « Vous semblez vraiment avoir un beau visage. C’est dans ce genre de moment que je regrette encore plus d’être aveugle~ »


Je rougie un peu au compliment. Ahhh stupide timidité ! Mes joues chauffent un peu sous ses doigts qu'il finit par retiré après avoir rit. J'aime bien son rire aussi. Il doit sûrement être beaucoup demandé... Même en étant aveugle il est charismatique, mignon mais beau.


«  Votre visage n'a rien à envier au mien ! »

« Je ne savais pas qu’il y avait un tel endroit ici. Dans un monde de pirates, c’est assez amusant ! Je devrais me balader plus souvent par ici ! »


Je sourie délicatement face à son entrain. Il a l'air d'être quelqu'un plein de joie de vivre. Alors que j'étais plongé dans mes pensées, je sens sa main, toujours aussi délicate, caresser mes cheveux.


« Cela fait longtemps que vous avez ce magasin ici ? Cela vous dirait-il de me faire visiter en me le décrivant ? »

« Eh bien je n'ai que 19 ans alors je ne suis là que depuis 1 an... Et oui, je serais très heureux de pouvoir vous faire visiter ! Venez, commençons par l'entrée ? »


Je lui prends la main pour le ramener à l'entrée, avant de lui décrire tranquillement le magasin, étape par étape.

Apparemment, ce jeune homme apprécie bien la boutique. Et ça me fait très plaisir ! Bon évidemment, d'un point de vu commercial, c'est super qu'il apprécie... Mais je ne sais pas, je suis touché personnellement. Parce que je passe vraiment beaucoup de temps ici, et que je m'y plais réellement. Alors que quelqu'un apprécie un de mes petits paradis me rend heureux !
Son compliment me va donc tout droit au cœur et là, je rougie de plaisir.

Tout en lui décrivant le magasin, je ne lui lâche pas la main une seule fois. Je ne suis pas habitué aux contacts, il faut dire que je n'ai pas vraiment d'amis, et encore moins de la famille... Mais je me sens à l'aise avec cet homme. Il est tout doux tout gentil. Un peu comme un chat !

Je finis de décrire le magasin, toujours tout sourire, puis je l'amène doucement vers le comptoir où une petite chaise repose. Je le fais s'asseoir car je ne veux pas qu'il reste debout comme ça. Il va se fatiguer pour rien.


« Dites-moi, quelle est votre fleur préférée ? Oh, il parait que chaque personne en a une symbolique, quelle serait la mienne d’après vous ? »


Je n'ai même pas besoin de réfléchir pour la fleur qui le représenterais le mieux. Il est quelqu'un qui a du endurer beaucoup de choses et qui d'après moi, n'a pas l'air de se plaindre. Il a l'air d'être quelqu'un qui s'assume lui même, et qui a la force de...


«  Persévérer... Hum pardon, je voulais dire, la fleur qui vous symboliserait le mieux est l'Hémérocalle bleue. Elle symbolise la persévérance. … Et ma fleur préférée est la rose rouge... Peut être à cause de mon prénom, je m'appelle Rozen... »


Je sens que nos mains se réchauffent et c'est très agréable. Je me sens bien... Si c'est ça avoir un ami, j'aimerais beaucoup en avoir un...


« Ma mère… aimait beaucoup les tournesols. Alors je lui en apportais quand je vivais encore là-bas, en Chine. »


Lorsqu'il me parle de sa mère, je me contente de caresser sa main doucement et de resserrer la mienne. Il a l'air un peu triste et ça me fend le cœur... Alors je réagis sans réfléchir, comme un idiot. Je m'accroupis et le prend doucement contre moi.