«Hé, ho! Lâche ce poisson!»

Sujet: «Hé, ho! Lâche ce poisson!» Mar 20 Nov - 17:26

La matinée de pêche avait été rude mais Tian Wen n'avait jamais été aussi fière d'installer son petit stand d'appoint prêt des quais. En effet, comment ne pas languir d'envie devant tant de poissons frais? Tantôt gros, tantôt petits, elle avait trouvé des perles rares qui n'allèrent pas tarder à être achetées et dévorées! Pour sa part, elle s'était gardé l'un des plus beaux pour se faire une délicieuse soupe ce soir même. Elle plaçait alors les poissons suivant leur gabarie dans des bacs de couleurs différentes et affichait les prix à l'aide de petites feuilles de papier. Les premiers clients se trémoussaient déjà, regardant la petite femme se dépatouiller pour ouvrir le plus vite possible.

Quelle ferveur! Chacun se précipitait sur les bacs, cherchant leur bonheur du regard, devenant impatient face aux autres personnes qui monopolisaient Tian Wen. Ils avaient tous la même crainte: voir leur poisson se faire acheter par quelqu'un d'autre. Ceci amusait la jeune fille, mais elle restait tout de même timide face à tout ce monde qui souhaitait son attention et surtout, elle les surveillait avec soin. Les minutes passaient, les bacs se vidaient, les clients partaient et d'autre arrivaient bien moins nombreux. Mais depuis un certain temps, un homme se tenait légèrement à l'écart de la foule. Tian Wen l'avait remarqué, néanmoins elle ne lui avait pas adresser un mot. Si il y a bien une chose que la jeune chinoise ne fait jamais, c'est d'établir le contact en première. C'est x qui vient à elle et non pas elle qui vient à x.

Quelques poissons étaient tristement affalés au fond des bacs, Tian commençait alors à ranger sous le regard de l'inconnu. Oui... Il était toujours là. Il s'était approché, observant certainement les derniers produits. En tout cas, il n'était pas spécialement discret et quand ses mains attrapèrent l'une des bestioles, la pêcheuse le lui reprît aussitôt.

( Tenue )

Hyunseo se promenait sur l’île de Heoga comme il en avait pris l’habitude depuis plusieurs mois déjà. Il parcourait les rues silencieusement et se contentait de lancer des regards indifférents à la plupart des personnes qu’il lui était donné de croiser, sauf peut-être lorsqu’il s’agissait d’un enfant qui semblait avoir faim ou d’un vieillard boiteux. Il offrait généralement quelques wons à l’enfant en lui conseillant tel ou tel menu dans un des restaurants qu’il affectionnait, quant au vieillard, c’était un bras pour le soutenir. Mais attention, jamais il n’osait le faire devant quelqu’un. Trop fier et désireux de conserver l’image dure du pirate qu’il était, quand bien même son cœur était beaucoup plus léger après ces bonnes actions.

Ses pas le guidèrent ensuite près des quais sur lesquels de petits stands se formaient, tantôt pour des poissons et autres produits de la mer, tantôt pour des patates douces ou des marrons grillés. L’odeur lui donnait atrocement faim à tel point qu’il se permit de dérober plusieurs une pomme de terre qu’il éplucha à l’aide d’un couteau-suisse avant de la manger tranquillement. « Oh, la chintok est là, allons lui acheter quelques poissons ! » A en juger par l’air enjoué de la femme qui marchait devant lui, les poissons de la surnommée « chintok » devaient être très bons. Il grimaça en s’interrogeant sur le pourquoi de ce surnom raciste dans ce cas. Puis vint l’envie de la suivre, une fois assez proche pour apercevoir le visage de la vendeuse, il sourit. Il s’agissait d’une jeune et jolie demoiselle, forcément la jalousie rendait la vieille femme envieuse et mauvaise langue en conséquence. Amusé par le comportement agité des clients, il choisit de rester à l’écart et d’observer la pêcheuse travailler. Le pirate ne réalisa pas depuis combien de temps il se trouvait là, à loucher aussi bien sur la marchandise que la jeune chinoise mais ils n’étaient à présent plus que tous les deux. Sa patate était terminée mais son ventre continuait à hurler famine, si bien qu’il s’approcha, choisi le poisson qui lui faisait envie et l’extirpa du bac. La réaction rapide le fit sourire en coin, elle avait vraiment l’air intéressante. « Hey, celui-là il me fait envie. » Se permit-il de dire d’un mandarin impeccable afin de la déstabiliser un peu. « Je crève la dalle, donne-le-moi. S’il te plaît ? » Tenta Hyunseo avec politesse.

Elle fixait le jeune homme, tenant fermement le poisson entre ses doigts. Il avait joué un bon coup en s'exprimant en chinois mais si il voulait vraiment se nourrir, il avait interêt à payer! Elle n'allait certainement pas au milieu de l'océan pour pêcher et donner le fruit de son labeur au premier inconnu qui «crève la dalle ». D'ailleurs, elle se demandait bien où il avait appris ce vocabulaire... Il n'était pas chinois, ça se voyait bien! Tian a toujours eut le flair pour repérer les gens de sa nation et cette personne ne lui disait rien de bon. Alors elle lui tendit le poisson, tout doucement, soutenant le regard de l'inconnu. Néanmoins, dès qu'il avança sa main pour le prendre, elle lui frappe fortement le bras à l'aide de l'animal.

Si tu veux manger, faudra payer! Si tu n'as pas d'argent, tu te débrouilles pour en trouver. Mais ne touche pas à ma marchandise tant que t'es à sec!

Tout en ayant prit le soin de lui répondre en mandarin, elle jeta alors le poisson dans son bac, soulevant celui ci pour le poser sous le stand. Refaisant la même opération avec les autres bacs, elle surveillait attentivement les moindres mouvements de l'autre «faux chinois».

Je te le garde ton poisson, dépêche toi, vas chercher de la monnaie. Fais un truc! Reste pas planté là!

Elle le menaçait du regard, prête à le poursuivre si il tentait de le lui voler furtivement. Contrairement aux apparences, Tian Wen était une véritable petite teigne, qui ne lâchait jamais prise! Sur son honneur, sur sa famille, elle a promis de ne jamais laisser un brigand la dérober.

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